mercredi 30 mars 2011
Bière marocaine: Spéciale Flag
«Flag spéciale», reine des bars, 650 000 bouteilles vendues chaque jour Sa composition a été mise au point en 1973 par des cadres marocains des Brasseries
2 000 points de vente approvisionnés presque quotidiennement
Un effort de communication réduit et un emballage pratiquement inchangé depuis sa création.
«Pour nombre de consommateurs, la “Flag Spéciale” n’est plus seulement une bière, elle fait partie d’une culture», clame fièrement Fayçal Benkirane, directeur des ventes des Brasseries du Maroc. Le succès de cette boisson est tel que «des chikhate et des chanteurs populaires l’ont vantée», renchérit Abdessamad Mahfoud Filali, directeur financier des Brasseries. Un enthousiasme que l’on comprend. En 33 ans d’existence, aucune autre marque de bière, locale ou internationale, n’est parvenue à détrôner la «Spéciale».
Positionnée sur le segment de la gamme moyenne, la marque continue de séduire les générations. Le cercle de ses amateurs ne se limite pas aux cadres moyens et les jeunes «débutants» optent souvent pour la bière à l’étiquette grise. Fait intéressant, nombre de ceux qui ont les moyens de s’offrir des bières importées ne rechignent pas à s’offrir une «Spéciale» quand il s’attablent au comptoir d’un bar. Les autres bières locales, même moins chères, n’arrivent pas à séduire autant.
Mais d’où vient le nom de cette bière ? Il faut savoir que «Flag» est un nom générique introduit au Maroc en 1960 par la Brasserie Glacière Internationale (BGI), alors principale actionnaire des Brasseries du Maroc. Sous ce nom, le brasseur a commencé par produire la «Flag Pils». Au fil du temps, d’autres marques se sont ajoutées au catalogue. La Flag Pils coexiste alors avec «Stork», «Spécial Pils», ou encore «La Cigogne», appelée familièrement «Aïcha Twila», disparue depuis. «Nous avions en effet des cigognes dans tous les sites de production», se remémore M. Mahfoud Filali.
En 1972, les Brasseries du Maroc signent avec BGI l’exclusivité de l’exploitation du nom «Flag» dans le pays. Cet accord intervient à un moment crucial. En effet, à la faveur de la marocanisation, BGI cède ses participations dans les Brasseries du Maroc à la SNI (Société nationale d’investissement). Un nouveau tournant pour la marque.
Bouteilles, canettes, «pression», le contenant se diversifie pour ratisser large
Pour élargir la gamme, un groupe de cadres des Brasseries, dont Lahssen Bagoula, brasseur reconnu sur la place, développent une nouvelle formule typiquement marocaine. La «Flag spéciale» est née. Elle est d’abord vendue en bouteille consignée de 24 cl, celle que nous connaissons aujourd’hui. A l’époque, c’est le premium, le haut de gamme des bières locales, et elle démarre en trombe.
«Dès le milieu des années 70, la “Spéciale” devient le produit phare des Brasseries du Maroc, grignote les parts de marché de la Stork et élargit la demande». La croissance du marché s’est par la suite stabilisée entre 1,5 et 3 % par an en moyenne.
Pour consolider les ventes, la société diversifie le contenant. En 1988, les canettes de 33 cl sont lancées. «Il fallait nécessairement suivre les habitudes de consommation», explique M. Benkirane. Mais il fallait aussi faire face à l’arrivée des bières d’importation en canette. Selon la logique d’élargissement de la gamme, la bouteille de 25 cl est introduite en 1992 et celle de 50 cl en 2003. Ce n’est cependant qu’en 2005 que les bouteilles de 25 cl en verre perdu et de 33 cl «twist off» (dont le bouchon se dévisse) à la mode américaine sont mises sur le marché. Détail important, il est possible de boire de la bière pression dans les zones touristiques ou dans les débits de boisson haut de gamme, précise M. Filali en soulignant que «chaque nouveau contenant dope les ventes».
Tous les sites de production sont certifiés ISO 9001-2000
Aujourd’hui, sur un marché global de 900 000 hl par an, les bières locales représentent 880 000 hl. Sur ce volume la «Flag spéciale» rafle une part de 56% pour un chiffre d’affaires de 863 MDH hors TVA. En convertissant le volume vendu en bouteilles de 24 cl - les plus répandues - et en ôtant les mois de Chaâbane, Ramadan et les fêtes religieuses, on arrive à un chiffre de 650 000 bouteilles vendues chaque jour. Ce fort taux de pénétration s’explique par un quadrillage très serré du territoire. La société dispose de 2 000 points de vente approvisionnés grâce à des moyens logistiques très importants. Eu égard à la modernisation du secteur de la distribution, 25% des ventes sont réalisées dans des grandes et moyennes surfaces. Ces canaux permettent d’ailleurs de remédier aux problèmes des bouteilles consignées, un système très compliqué à gérer.
La politique de proximité initiée par le brasseur est aussi marquée par la décentralisation de la production. La «Flag Spéciale» est produite et embouteillée sur trois sites : Casablanca, Fès et Tanger, l’unité de Marrakech ne servant qu’à la mise en bouteille. Tous ces sites sont certifiés ISO 9001 version 2000. La mise à niveau des usines s’est faite par étapes. Celle de Casablanca a fini d’être rénovée en 2002 pour un investissement de 150 MDH. La reconstruction de l’usine de Fès, achevée en 2004, a coûté, elle, 160 MDH et la modernisation de l’unité de Tanger, 15 MDH. Les Brasseries investissent régulièrement 50 MDH dans l’outil de production d’une capacité globale de 1,3 million d’hl par an.
Sur le plan marketing, on retiendra que «Flag» a gagné le cœur des consommateurs sans tapage médiatique, la communication sur les alcools étant très réglementée au Maroc. De même, en matière d’emballage, l’étiquette n’a subi que de légères modifications depuis 33 ans. «L’essentiel est dans le goût», affirme-t-on chez Brasseries du Maroc, en ajoutant que «Heineken, le leader mondial de la bière, classe la “Spéciale” au 4e rang des marques pour la qualité de son goût».
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