lundi 28 mars 2011

libye confusion autour d'un viol


Samedi matin, une femme fait irruption dans l’Hôtel Rixos à Tripoli, où sont hébergés des journalistes étrangers. Son visage et ses jambes sont contusionnés, il y a du sang sur une de ses cuisses. Elle sanglote et explique qu’elle vient de Benghazi, a été capturée par des kadhafistes pendant deux jours, et violée par quinze hommes.

La scène est racontée par plusieurs médias. Les journalistes filment l’événement et la violence des forces de l’ordre qui tentent d’emporter la femme, Eman Al-Obeydi. CNN rapporte : “La police a tenté de maîtriser la femme. Un employé de la cuisine de l’hôtel a sorti un couteau et à hurlé, ‘traîtresse !’. Un autre employé a tenté de la recouvrir d’une nappe noire.”

Tandis que les journalistes qui tentent de s’interposer sont repoussés, la femme est emmenée à “l’hôpital” : selon les forces de l’ordre, elle est “psychologiquement malade”.


La scène a également été filmée par Reuters et mise en ligne par le New York Times.

Dimanche 27 mars, le gouvernement affirme avoir libéré la femme. Si les médias rendent compte de leur difficulté à enquêter sur le cas, ils estiment aussi que le témoignage est crédible. “CNN n’a pas pu vérifier de façon indépendante le témoignage d’Eman Al-Obeydi, mais ses blessures semblaient cohérentes avec ce qu’elle disait”, explique la télévision états-unienne sur son site. Le New York Times renchérit : “Son expérience correspond aux rapports de longue date sur les abus des droits de l’homme en Libye sous le gouvernement Kadhafi.”

Le Guardian explique que le gouvernement a tenté de discréditer le témoignage de cette femme : un porte-parole “a affirmé qu’[Eman] Al-Obeydi était une prostituée qui s’était refusée à un examen médical. Le régime tente visiblement de la décrédibiliser, ayant déjà affirmé qu’elle était mentalement instable.” Mais un peu plus tard, le gouvernement aurait affirmé que la femme était “mentalement stable et qu’elle poursuivra ses agresseurs”, selon CNN.

Le quotidien britannique relaie les témoignages contradictoires de sa famille : un homme qui dit être son cousin affirme que la femme était poursuivie par les autorités après avoir pris part à une manifestation contre Kadhafi dans l’ouest du pays.

Le gouvernement, lui, met en avant le témoignage de sa sœur, qui affirme qu’Eman Al-Obeydi est folle. Dans une vidéo, Nic Robertson, le correspondant de CNN en Libye, explique la confusion autour du cas d’Eman Al-Obeydi et la distance qu’il faut prendre avec les propos du gouvernement.

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